Abstract/Sommario: L'Afrique subsaharienne n'est pas en marge de la globalisation, même si sa part dans le commerce international est infime. Différents méchanismes, aussi bien licites (accords de coopération, plans d'ajustement structurels etc,) qu'illicites (trafic d'armes, de drogues, de médicaments, etc.) vont dans le sens de son insertion dans le système international. Ainsi en est-il, et peut-être surtout, des réseaux religieux qui, par leur prosélytisme et leur capacités de mobilisation, s'imposen ...; [Leggi tutto...]
L'Afrique subsaharienne n'est pas en marge de la globalisation, même si sa part dans le commerce international est infime. Différents méchanismes, aussi bien licites (accords de coopération, plans d'ajustement structurels etc,) qu'illicites (trafic d'armes, de drogues, de médicaments, etc.) vont dans le sens de son insertion dans le système international. Ainsi en est-il, et peut-être surtout, des réseaux religieux qui, par leur prosélytisme et leur capacités de mobilisation, s'imposent comme l'un des vecteurs privilégiés de cette insertion. Le phénpmène est bien étudié en ce qui concerne les églises chrétiennes, catholique ou protestante, dot les analystes se palisent de souligner l'extraordinaire dynamisme porté par leur combinaison de "relations individuelles" et de "rapports interorganisationnels". S'agissant de l'islam, si sa transnationalisation attire également l'attention, c'est souvent dans une perspective sécuritaire qu'entretient la "dé-territorialisation" de l'islamisme radical. L'Oumma, la communauté des croyants, est suprannationale par définition. Mais on ne saurait parler de la transnationalisation de l'Islam de l'Afrique sub-saharienne sans parler des relations afro-arabes, puisque l'expansion contemporaine de l'islam au sud du Sahara est fréquemment perçue comme le résultat de l'activisme politico-religieux des Etats arabes, voir de l'Iran ou du Pakistan. Ce n'est qu'en 1971 que l'Afrique subsaharienne bascule massivement du côté arabe, et cela après l'échec de la médiation de l'Organisation de l'Unité Africaine dans le conflit. Ce qui est intéressant est que les Arabes présentent cette situation comme l'actualisation de liens pluriséculaires qui auraient uni Arabes et Africains et dont l'islam aurait été le ciment, avat d'être provisoirement occultés par la colonisation européenne. Rapidement les Etats subshariens se déclarent déçus par la modestie de l'aide arabe. Après les accords de Camp David et le retour d'Israel au sud du Sahara consacre le découplage entre l'Afrique noire et le monde arabe. Mais le potentiel mobilisateur de l'slam ne sauraît être mesuré à la seule aune de la diplomatie officielle. Les confréries religieuses (tariqa) sont sans doute le vecteur le plus important, et le plus ancien, de la transnatioalisation de l'islam d'Afrique subsaharienne. Comparables aux ordres religieux catholiques, elles ont accompagné d'une façon privilégiée l'expansion de l'islam au sud du Sahara et l'internationalisation de l'islam. La capacité des confréries à subvertir les logiques stato-nationales s'exprime d'autant plus sûrement que leur mobilisation s'insère dans un mouvement général de devéloppement de l'humanitaire musulman, avec la création d'un réseau d'ONG islamiques. Articulant étroitement action humanitaire et prosélytisme religieux, les organisations de secours islamique vont étendre leurs activités au sud du Sahara avec pour objectif affirmé d'y concurrencer les ONG occidentales. Les ONG islamiques déploient leurs activités en relation avec les organisations musulmanes locales, leur donnant assistance et aides financières (pour la construction de mosquées ou d'écoles) ou mettant à leur disposition des prédicateurs et mettant en scène une nouvelle catégorie d'intellectuels musulmans africains, les arabisant. Ces jeunes, socialisés dans le système des medersa, les écoles islamiques qui dépensent leurs cours en arabe, incarnent la modernisation de l'éducation islamique, fondée sur l'apprentissage des sciences islamiques et des matières profanes. Leur succès est tel qu'elles concurrent désormais l'école publique et privée (c'est à dire missionaire). En région saudano-sahalienne les Etats ont du leur reconnaître une marge d'autonomie plus ou moins grande. L'enseignement arabisé est l'un des sites où se jouentla déconstruction de l'ordre occidental et la fabrication d'une identité musulmane africaine.